Les réunions « conjoncture agricole » organisées conjointement par la Chambre d’Agriculture 10-52 et CERFrance ont eu lieu les 16 (dans l’Aube) et 18 Novembre (en Haute-Marne), l’objectif était d’échanger sur un contexte de campagne 2022 inédit, voici quelques sujets abordés.
Le climat exceptionnellement chaud et sec a surtout affecté les cultures de printemps et d’été en sol superficiel. L’année 2022 redevient l’année du colza. La situation est inédite pour le coût des intrants, particulièrement pour les engrais et l’énergie (GNR) et une inflation générale. Les fondamentaux de production et les évènements en Ukraine ont eu pour conséquence une hausse des prix de vente exceptionnelle pour les productions végétales. Ceci peut conduire à des résultats économiques 2022 très élevés, mais les moyennes cachent beaucoup d’hétérogénéité. Le résultat est d’autant meilleur que la part des productions végétales, cultures d’hiver notamment, est importante et que les rendements sont peu affectés. À l’inverse, malgré la progression des produits animaux, les résultats des exploitations de polyculture élevage sont moins élevés, car la hausse des intrants (alimentation en élevage laitier) est intervenue immédiatement et la part des cultures de vente y est plus faible, particulièrement dans les systèmes bovins allaitants herbagers.
Ce constat plutôt positif pour 2022 ne se traduit pas dans la trésorerie, car beaucoup d’agriculteurs sont déjà engagés dans les avances aux cultures pour la récolte 2023.
Les intervenants alertent sur le risque de retournement de conjoncture (les prévisions de prix 2023 restent cependant élevées) dans un monde rempli d’incertitudes : volatilité économique, géopolitique, transition climatique et énergétique, qui pourraient rapidement absorber les gains 2022. Il est donc nécessaire de réfléchir aux actions d’optimisation à privilégier dans le cadre de l’exercice comptable en cours (choix des options fiscales, anticipations de la cotisation sociale, épargne) pour lisser les résultats tout en restant raisonnable dans les investissements.
La maîtrise des fondamentaux agronomiques et zootechniques, des postes matériel, main d’œuvre et valorisation des produits restent nécessaires, mais n’est plus toujours suffisante. Dans ce « nouveau monde » à l’environnement instable, il faut prendre de la hauteur, affirmer ses valeurs, définir ses objectifs. Les conseillers incitent à définir une approche stratégique pour gérer risques et incertitudes, et plus que jamais à se faire accompagner.