S’adapter au manque d’herbe

Vous êtes confrontés depuis de nombreuses semaines à une absence totale d’herbe disponible au pâturage. Le climat actuel est extrêmement sec et l’été se prolonge. Même en cas de pluie dans les jours à venir, il ne faudra pas compter sur les repousses d’herbe d’automne car la réduction de l’ensoleillement et surtout les premières gelées vont freiner fortement la repousse. Quelle que soit l’évolution météorologique à venir, des adaptations de la conduite des animaux au pâturage doivent être mises en place. Elles consistent à gérer la pénurie d’herbe et à répartir les ressources de façon à préserver au mieux les fonctions de production les plus importantes. Les objectifs sont, par ordre d’exigence décroissante :

• de maintenir le niveau de croissance des plus jeunes animaux,
• de maintenir les vaches gestantes et les génisses dans un état qui n’altère pas leurs capacités de production ultérieure. Pour cela on utilisera les possibilités de croissance compensatrice des génisses et les possibilités de mobilisation des réserves corporelles des vaches gestantes.

Les adaptations sont donc à examiner par catégorie d’animaux, et à raisonner selon les cas en fonction des dates de vêlage et de mise à la reproduction et des dates de naissance.

Le raisonnement des adaptations devra aussi intégrer la préservation du potentiel de repousse des prairies.

Compte tenu de la situation, la majeure partie des prairies de fauche ont été remises dans le circuit de pâturage. Pour ne pas hypothéquer le potentiel de repousse éventuel, il est important de prendre la décision de resserrer les lots d’animaux sur une parcelle « sacrifiée » et de mettre en place un affouragement et une complémentation selon les besoins des animaux. Il faut faire attention au sur pâturage notamment quand les prairies vont reverdir aux premières pluies.

Bien utiliser la paille pour l’alimentation

La paille est un fourrage encombrant et peu digestible, pauvre en sucres solubles, en matières azotées, en minéraux et en vitamines. Une alimentation à base de paille pendant plusieurs mois va affecter durablement la santé des animaux.

Mais si on la complémente correctement c’est une ressource intéressante utilisable dans les rations des ruminants.

Principes à respecter

• N’employez que des pailles bien conservées
• Améliorez l’ingestion et la digestibilité de la paille en ajoutant de l’aliment liquide (10% de la quantité de paille) ou des concentrés azotés (100 g de tourteau de soja/kg de paille) ou des co-produits riches en azote (Corn gluten ou drèche).
• Apporter de l’énergie et de l’azote pour couvrir les besoins. Distribuer les céréales aplaties ou broyées grossièrement.

Attention : l’apport d’aliment liquide sur de la paille apportera un plus souvent insuffisant : 30 l d’aliment liquide sur un ballot de paille de 300 kg, n’apportera que 1 l pour 10 kg de paille ingéré (moins de 1 UF et PDI selon composition). Attention également, certains aliments liquides contiennent de l’urée.

Enfin l’abreuvement est parfois un réel souci : quelques points d’eau sont en voie d’assèchement, avec des fonds de mares sales et boueux. Pas de solution miracle, mais rappelons simplement qu’une vache peut boire 80 à 100 l/jour lors de fortes chaleurs.

Veiller à la disponibilité en sel sur toutes les catégories d’animaux !

Compte tenu de la pauvreté nutritionnelle des fourrages disponibles actuellement, pour les génisses et les vaches gestantes ou en phase de reproduction, pensez à apporter des minéraux avec des supports à lécher (ou autre forme) composés de : 5% phosphore, 25% calcium, 4% magnésie, 1000-1200 ppm de cuivre, 3500 ppm de zinc, 70-80 ppm d’iode, 15-20 ppm de sélénium.

Cliquez ici pour lire la suite…