La campagne de récolte 2019 des fourrages est une nouvelle fois atypique. Perturbée par le froid printanier et la canicule estivale, cette campagne est surtout marquée par un déficit hydrique important d’avril à septembre.
En ce qui concerne les récoltes en herbe, la pousse de l’herbe dans les prairies de notre observatoire a été régulière jusqu’au 1er mai mais en dessous de celle d’une année normale. Des premières coupes ont été observées vers le 20 avril avec des rendements corrects.
La pousse a ensuite était ralentie à cause des températures froides de début mai. Elle a pu reprendre de façon importante dès le 20 mai et s’est située jusqu’au 20 juin au dessus de la pousse estimée en année moyenne.
Les premières coupes en prairies temporaires ont été réalisées en ensilage vers le 20 avril avec un rendement de l’ordre de 3,5 t MS/ha. La majorité des foins a été récoltée à la mi-juin et les rendements atteignent en moyenne 4,5 t MS/ha. A partir du 20 juin, la pousse de l’herbe a été stoppée et rares sont les regains.
Les premières analyses ….
En 2019, les premiers ensilages d’herbe ont été récoltés tôt dans la saison, sur les premières analyses, on observe des ensilages avec un taux de MS élevé (35 %) grâce à une météo relativement clémente qui a permis un bon préfanage de l’herbe. On observe de bonnes valeurs énergétiques liées à des teneurs en cellulose brute faibles et des digestibilités élevées, ceci s’explique par une récolte à un stade jeune des graminées.
Compte tenu des dates précoces de récolte, les valeurs azotées des ensilages sont assez décevantes (12.8 % contre 15.5 % en 2018). L’absence de précipitations fin mars et début avril ainsi que des températures fraiches lors de la récolte ont certainement limité la minéralisation et empêché une bonne absorption de l’azote par les plantes.
Les ensilages de maïs se sont terminés vers le 25 septembre. En général, les maïs sont restés « verts » en milieu de champ jusqu’à cette période dans les secteurs les moins pénalisés par le déficit hydrique. Dans les secteurs les plus sensibles, les récoltes se sont étagées du 15 août au 15 septembre. En règle générale, les conditions de récolte ont été satisfaisantes et les taux de MS des ensilages récoltés se situent entre 31 et 35 % de MS contre 38 % l’an denier, c’est l’optimum et la conservation du fourrage devrait être bonne.
C’est au niveau des rendements que cette campagne se distingue des précédentes. En effet, le cumul de conditions climatiques peu favorables au printemps et en été a pénalisé la culture du maïs et notamment les semis les plus précoces. A « dire d’expert », on constate une forte hétérogénéité entre petites régions naturelles sur nos départements et en moyenne le niveau de rendement des ensilages de maïs est de 25 à 40% inférieur à celui d’une année normale.
Rendements observés (source Alysé)
Les premières analyses réalisées (110 résultats) montrent un taux d’amidon (présence de grain) inférieur de 10 points par rapport à celui de l’an dernier. Toutefois, en moyenne, le fourrage dispose d’une digestibilité (dMO) plutôt élevée grâce à une bonne digestibilité tige/feuille ce qui permet de maintenir une bonne valeur énergétique.
Pour une analyse plus approfondie nous avons posé la question à Thierry CRESPO, nutritionniste chez Alysé.
« Qu’elle est votre analyse des premiers retours d’échantillons ? »
« On distingue 2 profils de maïs, les « faibles digestibilité » et « tiges digestibles avec moins de 10% d’amidon ». On retrouve seulement 7% des analyses à plus de 23% d’amidon.
La digestibilité sur ces 2 catégories est meilleure de 3 points par rapport à l’année dernière avec 5 points de moins en amidon. Il serait intéressant de voir si les maïs peu digestibles correspondent aux maïs sur sol superficiel qui ont fortement souffert ? Si l’amidon n’est pas présent, les taux très élevés de sucre font penser que les maïs ont été ensilés alors qu’ils n’avaient pas atteint leur maturité.
Les matières sèches correctes à 32 et 35% pour les 2 premières classes montrent que les éleveurs ont su réagir à temps et ensiler avant que la plante ne soit complètement desséchée.
On verra avec les prochaines analyses si ceux qui ont attendu pour gagner en amidon n’ont pas perdu en digestibilité.
La conservation semble être optimum cette année grâce à la teneur élevée en sucres. On peut penser retrouver une partie de ces sucres dans les ensilages et donc de bonnes valeurs énergétiques. »
Les deux profils qui se distinguent
Un mini-laboratoire d’analyse chez Alysé
Depuis le 20 septembre, Alysé réalise des analyses de fourrages à Migennes dans le cadre de la SAS Alliance Expertise Elevage avec l’appareil AgriNIR C’est Jean-Michel HUGOT, conseiller lait en Côte d’Or, qui tous les jeudis traite les échantillons d’ensilage d’herbe, d’enrubannage et de foins ainsi que les échantillons d’ensilage de maïs fermentés.
L’objectif de la coopérative, des résultats d’analyse envoyés sous 48 heures après analyse soit dans un délai de moins de 7 jours après départ de l’échantillon de l’élevage.
Les autres types de fourrages (méteils, ensilage de maïs en vert, …) sont envoyés au laboratoire CESAR dans l’Ain.
Depuis la mise en place du service, 80 analyses ont été réalisées.
Thierry CRESPO et Jean-Louis DECK